Au coeur du Haut Atlas du Maroc
Au milieu des montagnes du Haut Atlas du Maroc, les "Ayet Hdidou" vivent sous le rythme
des vents qui soufflent durant toute l'année. Dans les pâturages à 2600m d'altitude,
ils élèvent des chèvres, fredonnant les chants des ancêtres, passant le temps ainsi, entre
letravail et la contemplation. Ils vivent dans leur village, dans des maisons de Terre bâties
de leurs mains, collées les unes aux autres, par la solidarité et le soutien qui les unis
à jamais pour le meilleur et pour le pire.
A l'intérieur, on allume le feu en soufflant de la chaleur du corps, avec patience
et attention, pour y rajouter le bois des forêts. Des femmes et des hommes, parcourent
des kilomètres, du lever jusqu'au coucher du soleil pour couper du bois et le réserver pour
l'hiver qui arrive.
Je me souviens encore, de la première fois ou j'ai mis les pieds sur ses montagnes,
un été, il ya 2 ans. Voyageuse seule, j’ai été invitée dans des foyers, dont les membres
travaillent dure pour préparer le pain et le lait qu’ils m’ont offerts avec un grand sourire.
Me sentant aimée, j’acceptais avec plaisir les invitations, et voyageais de village
en village en Haut Atlas, ne trouvant point d’exception à la règle du partage et de
la générosité. Désormais, le sentiment de solitude n’était plus qu’une illusion à mes yeux,
car je suis devenue, membre de toutes ses familles, leur fille adoptive à toutes et à tous.
Des inconnus, m’ont ouvert les bras, dans l’espoir innocent, d’avoir quelqu’un qui pense
à eux au-delà de ces montagnes.
A mon retour, chez moi à Casablanca, plus rien n’était pareil. Les paroles de sagesse
et de simplicité que j’ai apprises aux côtés de « mama Aîcha » du village « Ayet Hdidou »
résonnent désormais dans mon esprit. Cette maman qui m’a adoptée parmi ses 5 enfants,
qui m’appelait chaque jour, à sa table de déjeuner et de dîner au cours de mes vacances
d’été en montagnes.
Certains après-midis, en buvant notre thé, elle se rappelait que l’hiver approche, ce temps
d’inquiétudes est sans pitié, il enlève les nourrissants, il emporte aussi, et trop vite
les jeunes mères et les vieillards vers la mort.
Les « Ayet Hdidou » comme tous les autres villageois, sont emprisonnés durant quelques
mois de neiges, sans moyens pour atteindre les médecins et les hôpitaux des
provinces...même les instituteurs ne peuvent atteindre les écoles, les enfants restant ainsi,
sans instruction durant des mois, et cela, à chaque hiver qui passe. Dans d'autres
villages, et souvent, il n'y a pas d'école, pourtant ce sont bien les jeunes qui sont l'avenir
et l'espoir de ses hautes montagnes. Même si dans certaines communes il y a une école
primaire, ou un collège, hormis de très rares cas, les jeunes n'ont pas les moyens d'aller
au lycée, et encore moins de poursuivre des études supérieures car il n'y pas de moyens
de transport et les parents ne peuvent pas leur acheter des fournitures scolaires...
Souvent, ces parents ne possèdent rien de plus que quelques chèvres
En attendant, «mama Aîcha » profite encore de la chaleur du soleil de l’été et de ce thé
pour lequel elle devra faire souffrir ses mains de l’eau glacée pour les petits déjeuners de
sa famille et pour toutes les autres tâches, dans son combat pour la survie de
ses enfants.
Telle une terre qui me porte, elle m’a gardée par son attention
Comme l’eau, sa sagesse résonne toujours dans mon esprit
Comme un ciel, elle m’a couverte dans la nuit, avec sa laine
Ainsi, je reviendrai vers elle, pour la foi et l’espoir en la vie